Lost in the city
Ce matin, 650km nous sépare d'Udaipur à Delhi et le plus court chemin est l'avion à hélices. Marl's n'est pas à l'aise et pour cause: l'avion n'est pas grand et bouge pas mal. Une turbulence pendant l'intervention du capitaine et je me plais à l'imaginer gérer d'une main le micro et de l'autre la barre. Je souris mais je ne dis rien car Marl's ne rigole pas trop là.
On atterrit en vie. Le taxi nous propose de nous arrêter dans une agence de tourisme 2min le temps de récolter quelques infos utiles mais Filou connaît la combine: c'est une arnaque pour nous faire payer très cher des choses qui semblent mieux qu'elles ne le sont. Dommage pour son pourboire, on le quitte à Hauz khas enclave où notre hôte est ravie de nous recevoir dans sa ghest house. Ce charmant couple de personnes âgées nous sous loue une chambre chez eux avec salle de bain bien sur. Retrouver un peu de propreté, de l'eau chaude, la clim qui marche... Le luxe! Le temps de planifier l'après midi et on est parti. Premier arrêt: Le jardin des 5 sens. Un jardin paysagiste dont les couleurs et les senteurs ravissent les amoureux dans leur balade romantique. Enfin ça c'est ce que dit le guide parce que le tuk tuk qui ne connaît pas et le quartier de plus en plus déserté n'ont fait que nous préparer à la réalité: un jardin avec des bacs à plantes organisés avec ce qui s'apparente à des mauvaises herbes dans lesquelles les couples se cachent suspicieusement. On ne traîne pas, c'était une erreur. On va donc au Qtub Minar. Il s'agit d'un minaret du XIIIe siècle impressionnant dont les murs semblent faits de colonnes en gré rouge superposées et dont le diamètre diminue de 15m à la base à 2,5m au sommet. Autour, les ruines de la mosquée nous laissent deviner un bâtiment magnifique. Notre attention s'arrête sur un poteau noir en métal de 7m, tout à fait banal si ce n'est le fait qu'il n'est pas rouillé. En effet il représente l'avancée technologique de l'Inde de l'époque en matière de métallurgie et c'est vrai que je ne pensais pas que l'inox était si vieux.
Puis nous nous dirigeons vers Connaught Place où nous nous arrêtons dans un restaurant recommandé par le lonely planet: Saravana Bhavan. Sur les dessous de plats, on voit qu'ils ont des succursales partout dans le monde. Y compris à Singapour et à New York... Y compris à Paris. Et là on flashe: c'est le même restaurant que celui dans lequel on a décider qu'on voulait partir en Inde, près d'1an plus tôt. On en a la quasi-certitude mais on se promet de vérifier en rentrant. Marl's prend un Massala Dosa comme elle a l'habitude de le faire en France (Masala = épice, Dosa = grande crêpe très fine, avec des sauces de partout) et est plutôt étonné de la ressemblance avec cependant une légère adaptation aux goûts des Européens. Je prends un thali pour découvrir un extrait d'une douzaine de plats.
Puis nous parcourrons les bazaars voisins. Delhi est comme aucune autre ville indienne. Les gens sont différents, plus occidentaux dans les habits, moins chaleureux dans les rapports, plus riches et plus pauvres... Le bazaar n'échappe pas à la règle: il n'a rien à voir avec celui de la veille. Celui ci est presque ordonné, probablement du fait qu'il est plus touristique. On entre dans l'une des boutique et on saute dans le future. La musique indienne électro est forte, les vendeuses jolies, les prix chers (750Rs le T-shirt qui en aurait valu 150 à Bundi), les objets semblent plus qualitatifs. On continue de se promener un peu sur la place, entrant dans un magasin de musique et autres just for fun.
19h, mais la nuit déjà tombée nous nous dirigeons vers Hauz Khas village. L'impression de déjà-vu nous frappe. En effet HK village était la première vision qu'on ait eu de l'Inde et le revoir nous ramène en arrière. On est frappé de voir la même image à travers des yeux différents. Notre expérience après 15j de Rhadjastan nous remet les idées en place. En effet HK village est comme Montmartre à Paris: un micro fragment non représentatif de la ville et du pays mais dont le standing nous rassure pour ce début de soirée. On s'arrête dans un resto qui nous tente d'instinct et on commande une pizza. D'abord parce que le resto n'a pas de plat indien mais surtout parce qu'on est en manque!! Tels des fumeurs sans cigarettes ou des touristes perdus dans le désert on a soif d'un plat qui ne baignerait pas dans la sauce, sans curry, sans curcuma, sans gingembre, sans cardamone, juste du fromage, de la tomate, de l'huile d'olive... On la déguste avec beaucoup plus de plaisir qu'elle ne le mérite et la toxi-infection du lendemain ne nous fera pas regretter ce petit bout d'occident dans nos assiettes. Puis on attend la robe que Marlène a commandé le premier jour et nous rentrons, exténués.
Nous nous couchons tôt: demain est notre dernier jour.